Ceci est un terrain de jeu et d'expérimentation. À la base, mon intention est de sortir de leur coma des pièces de musique qui traînent au fond de mes disques durs depuis divers degrés d'éternité. Je suis guidé d'abord par l'inspiration (évidemment), c'est-à-dire par ma disposition particulière au moment de plonger ma lampe-torche dans le poussiéreux caveau et ensuite, par l'importance relative que j'attache à cette chanson, celle-ci étant informée par l'urgence d'en faire une documentation minimale (c'est pourquoi je m'empêche pour le moment de reprendre des morceaux mal enregistrés du passé mais pour lesquels je dispose d'un témoignage audible, par exemple), d'une part, par son intérêt et sa pertinence actuelle (principalement au plan social ou politique, à dire vrai) d'une autre et finalement par le degré de probabilité que cette pièce puisse être reprise par un autre artiste.

samedi 12 mai 2012

Chus Tombé



Nous vivions un paradoxe dans "Whack that Fish !". D'une part, nous étions à peu près tous de féroces militants souverainistes, et d'autre part, le rock francophone ne nous excitait guère. Nos lumières s'appelaient Gabriel, Hamill, Fripp, Belew, Waters, Bowie, Fagen… Nous passions beaucoup de temps à éplucher les bacs et les vieilles tablettes pour trouver des trucs en français qui nous inspireraient. Nous étions fans de Brel et Brassens, et nous avons poussé la démarche jusqu'à tenter des reprises (j'ai même continué à reprendre L'Émile des années durant par la suite). Pagliaro et Offenbach, bien sûr, les premiers Charlebois,  Higelin, même un truc un peu mou de Rivard… Nous tentions du mieux que possible de nous connecter à un héritage rock un peu vivant dans la langue de Molière. Jacques Poirier le guitariste du band avait fait partie de Klaxon, groupe rock très original qui chantait justement en français avec bonheur. Nous savions donc que c'était possible.

Il me semble que le tout premier morceau francophone de "WTF!" a été Tu Mens, un double-time frénétique de Sédillot où j'avais été coller un poème un peu automatiste. La pièce a ensuite fait partie du corpus de 332 m/s, avec laquelle nous terminions généralement les spectacles. Mais Chus Tombé m'a longtemps suivie, de "WTF!" jusqu'à Jéricho, en passant par 332. Elle n'était jamais choisie pour les enregistrements, soit parce qu'elle représentait un petit casse-gueule en studio, soit parce que les réalisateurs ou la compagnie de disque n'y croyaient pas, soit parce que ceci… cela… Bref. Après tout ce temps, bon sang de bonsoir, la voici.

J'avoue que c'est un drôle d'objet chansonnistique. Le refrain n'est pas accrocheur, avec sa mélodie minimaliste de trois notes, le couplet est en 7/8, juste pour lui ajouter une barbe qui pique, et le bridge dure une éternité tout en opérant un changement stylistique improbable entre rock progressif soixante-dizard et bluesfolk dylanesque. Cette chanson s'était toujours terminée dans une apothéose gilmourienne, mais en commettant les guitares jeudi dernier, je me suis lancé dans cette idée d'un solo plutôt Belewsien qui commencerait au milieu de l'orchestration et en jaillirait progressivement pour ensuite se tailler sa place à l'avant-plan avant de terminer dans l'hystérie la plus postillonante.
Je n'aime pas trop la piste de voix que j'ai mixée. Il est fort possible que je la modifie au cours des prochains jours.

>EDIT du 19 mai 2012 Ça y est, j'ai refait la voix et j'ai remixé. Je crois bien que c'est un tantinet moins pire.

1 commentaire:

  1. J'ai retiré ce morceau pour quelques jours le temps de finaliser une nouvelle version.

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