Ceci est un terrain de jeu et d'expérimentation. À la base, mon intention est de sortir de leur coma des pièces de musique qui traînent au fond de mes disques durs depuis divers degrés d'éternité. Je suis guidé d'abord par l'inspiration (évidemment), c'est-à-dire par ma disposition particulière au moment de plonger ma lampe-torche dans le poussiéreux caveau et ensuite, par l'importance relative que j'attache à cette chanson, celle-ci étant informée par l'urgence d'en faire une documentation minimale (c'est pourquoi je m'empêche pour le moment de reprendre des morceaux mal enregistrés du passé mais pour lesquels je dispose d'un témoignage audible, par exemple), d'une part, par son intérêt et sa pertinence actuelle (principalement au plan social ou politique, à dire vrai) d'une autre et finalement par le degré de probabilité que cette pièce puisse être reprise par un autre artiste.

lundi 21 mai 2012

Six Décembre



Ah, bon sang. Cette pièce faisait partie jusqu'à présent des poids qui me pesaient dans le dos. Je ne l'ai  jouée en public que deux fois. Et je l'ai principalement interprétée seul au piano à des amies de confiance, à des femmes dont je connaissais l'engagement et la clarté au plan politique, ce en raison des réactions navrantes de quelques ruminants à qui il aurait été préférable que je fasse entendre la chasse d'eau ou le vrombissement de la hotte d'aération du greasy spoon en face. Bref.

C'est un morceau très dur qui parle d'un sujet des plus délicats. Je parlerai un jour de mon rapport très particulier et bizarre avec ces événements du 6 décembre 1989. Je laisse les commentaires ouverts, mais je vais exceptionnellement recourir à une censure sans pitié. Si vous vous proposez de commenter sur le texte ou sur les événements en question, faites-le avec intelligence, respect et sobriété. Tout iota de l'ombre du poil d'un soupçon de débordement sera éradiqué. Quant à ma musique, là, pas de gène, soyez vous mêmes et lâchez-vous.

On peut rêver, n'est-ce pas ? J'aimerais virer toute l'orchestration présente et la remplacer par des instruments vivants et organiques. Des propositions ?

samedi 19 mai 2012

À l'Abattoir



Je parlerai de cette pièce plus tard, pour l'instant, je me contente de la poster telle quelle.

mardi 15 mai 2012

Le Dragon

En parlant de rock progressif, euuuh…
Ce morceau aura trente ans l'an prochain. Par contre, il est beaucoup plus jeune que plusieurs de mes amis. Alors bon. Quand on a dit ça, on a pas cuit de pain au noix.

Le Dragon. Pfft. J'ai composé la musique avant de me joindre à "Whack That Fish!", c'est donc dire peu de temps après la guerre de sécession. Je me souviens d'avoir écrit le morceau lorsque je vivais sur Saint-Urbain dans ce drôle de vieux taudis que je décris avec tant d'affection dans Sans Connaissance. Le texte est encore plus ancien, lui dont les premiers sédiments remontent à l'école secondaire, mais je ne l'ai collé à la musique que plus tard et j'en ai alors profité pour corriger la moitié des fautes (les autres viennent juste d'être détectées par mes yeux désormais plus entraînés à ce type de tâche) et cacher quelques maladresses (mais pas toutes, fallait garder assez de texte pour faire une chanson).

Allons. Je ne sais pas quoi dire de plus, sinon que ça aurait été fichtrement pratique si j'avais su jouer de la guitare toute ma vie. Je me rends compte à quel point ça va vite, ces jours-ci. Je déterre une toune le matin et le soir elle est terminée. Ahurissant. Tout ça sans alcool (oh, je sais, je vais arrêter de la ramener constamment avec ça). Et sans café ! Pute borgne. La vie, parfois.

Bon, je m'épanche. Eh, eh. Va falloir que je me procure des écoutes fiables d'ici peu. Je saigne des oreilles à force de mixer au casque, quelle infamie. Ça et un micro digne de ce nom.

Du Pain et des Jeux





Ce morceau. Ah, la la. À l'origine, c'est un funk écrit pour "Whack That Fish!", joué quelques fois par 333 m/s (avec débauche de percussions), puis adopté par Jéricho dans une version clin d'œil à The Who ! Le pire c'est que nous l'avions enregistrée pour faire partie du Septième Jour, mais qu'elle détonnait tellement avec le reste du disque que nous avons finalement décidé de la virer juste avant le mix final. Ce qui fait que nous n'avons même pas une version mal mixée à présenter. L'histoire de ma vie. Pfft.

Comme je suis resté proche du funk, en m'assoyant l'autre jour devant la console, je me disais que j'allais faire un super riff de gratte toute propre et sèche du style sex machine. Voilà le résultat. Je sais, c'est n'importe quoi. Au moins, je me suis amusé. Je pourrais dire que ce sont les dieux de la colère sociale qui se sont emparés de mon ampli de guitare. En plus, je ne bois plus d'alcool. Allez savoir. En tout cas, je me suis fait des dommages permanents à la colonne vertébrale en hochant de la tête pendant les deux journées que j'ai consacré au montage de ce morceau.

samedi 12 mai 2012

Chus Tombé



Nous vivions un paradoxe dans "Whack that Fish !". D'une part, nous étions à peu près tous de féroces militants souverainistes, et d'autre part, le rock francophone ne nous excitait guère. Nos lumières s'appelaient Gabriel, Hamill, Fripp, Belew, Waters, Bowie, Fagen… Nous passions beaucoup de temps à éplucher les bacs et les vieilles tablettes pour trouver des trucs en français qui nous inspireraient. Nous étions fans de Brel et Brassens, et nous avons poussé la démarche jusqu'à tenter des reprises (j'ai même continué à reprendre L'Émile des années durant par la suite). Pagliaro et Offenbach, bien sûr, les premiers Charlebois,  Higelin, même un truc un peu mou de Rivard… Nous tentions du mieux que possible de nous connecter à un héritage rock un peu vivant dans la langue de Molière. Jacques Poirier le guitariste du band avait fait partie de Klaxon, groupe rock très original qui chantait justement en français avec bonheur. Nous savions donc que c'était possible.

Il me semble que le tout premier morceau francophone de "WTF!" a été Tu Mens, un double-time frénétique de Sédillot où j'avais été coller un poème un peu automatiste. La pièce a ensuite fait partie du corpus de 332 m/s, avec laquelle nous terminions généralement les spectacles. Mais Chus Tombé m'a longtemps suivie, de "WTF!" jusqu'à Jéricho, en passant par 332. Elle n'était jamais choisie pour les enregistrements, soit parce qu'elle représentait un petit casse-gueule en studio, soit parce que les réalisateurs ou la compagnie de disque n'y croyaient pas, soit parce que ceci… cela… Bref. Après tout ce temps, bon sang de bonsoir, la voici.

J'avoue que c'est un drôle d'objet chansonnistique. Le refrain n'est pas accrocheur, avec sa mélodie minimaliste de trois notes, le couplet est en 7/8, juste pour lui ajouter une barbe qui pique, et le bridge dure une éternité tout en opérant un changement stylistique improbable entre rock progressif soixante-dizard et bluesfolk dylanesque. Cette chanson s'était toujours terminée dans une apothéose gilmourienne, mais en commettant les guitares jeudi dernier, je me suis lancé dans cette idée d'un solo plutôt Belewsien qui commencerait au milieu de l'orchestration et en jaillirait progressivement pour ensuite se tailler sa place à l'avant-plan avant de terminer dans l'hystérie la plus postillonante.
Je n'aime pas trop la piste de voix que j'ai mixée. Il est fort possible que je la modifie au cours des prochains jours.

>EDIT du 19 mai 2012 Ça y est, j'ai refait la voix et j'ai remixé. Je crois bien que c'est un tantinet moins pire.

vendredi 11 mai 2012

Aux Armes



Ce sont les événements du printemps québécois qui m'ont remis ce vieux très vieux morceau dans la tête. J'ai découvert avec étonnement qu'il n'y avait pas grand chose à faire pour qu'elle soit écoutable. Je n'ai pas refait la basse (un volontaire ?), je me suis quand même pas mal déchiré sur la batterie, mais y a tout de même des places à prendre. Vlà !

À l'origine, j'ai écrit ce morceau pour 332 m/s, un groupe cendrillon que Louis Sédillot et Chantal Leclair avaient formé pour présenter un projet francophone au concours de CKOI l'Empire des futures stars. Ils m'avaient invité avec une semaine de délai avant de remettre le démo. Acceptés dans l'événement, il nous a fallu rapidement écrire tout un tas de morceaux, d'autant que les choses se sont précipitées, avec notre éventuelle présence en finale et tout ce qui a suivi (ça fera un joli roman, croyez-moi).

Un jour Chantal passe me rendre visite et je lui fais entendre Aux Armes, que je viens de terminer et qui me faire presque pleurnicher de fierté et d'émotion militante. Faut dire que je venais d'échantillonner une stratocaster et que je m'étais déchiré à séquencer des grooves des jours durant de manière à les faire sonner comme de vraies guitares (ce qui m'a pris 20 minutes hier en jouant simplement pou-le-vrai). J'appuie sur PLAY d'un doigt tremblottant et je ferme les yeux, tout rempli d'orgueil. Une fois le morceau terminé Chantal fait :
— Bon. Ouain.
— Bon, ouain ?!
— Ouain. Spa ta meilleure.
— Euuh.
 — Je la trouve quand même pas mal ordinaire.
 Et ça a été presque la fin de cette pièce, remisée depuis 1993. Eh, eh, eh.

Le batteur du projet et moi étions assez férus de Manu Katche, dont j'avais programmé une sorte d'ambitieuse imitation. Quant à la basse, c'était une reproduction fidèle de ce que j'avais trouvé sur ma cinq cordes (dans la tonalité d'origine, l'ambitus descendait jusqu'au si-0), mais comme je n'avais pas ce qu'il fallait pour enregistrer chez moi, je l'avais rejouée au Kurzweil. Depuis quelques jours je regarde ma basse qui traîne au mur et j'essaie de me souvenir comment jouer un pareil truc. Ça me ferait bien plaisir que quelqu'un s'y colle à ma place.